La création du Comité constitutionnel national (CCN) a été accueillie avec espoir mais également avec une dose significative de scepticisme quant à sa composition et à ses objectifs. Annoncé par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) dans son communiqué n° 058, le CCN se voit confier la tâche cruciale de rédiger un projet de Constitution dans un délai serré, sans pour autant rassurer quant à la représentativité et à l’engagement de ses membres. Gabon – Le CCN.
Les critiques fusent quant aux critères de sélection des membres du CCN. Pourquoi inclure des ministres déjà surchargés plutôt que de privilégier des représentants d’organes clés de la Transition ? Pourquoi laisser de côté des voix critiques et des acteurs politiques qui auraient pu apporter un regard plus nuancé et concret sur les réformes nécessaires ?
La méfiance règne également envers la composition du CCN, largement constitué d’universitaires dont l’engagement et l’indépendance sont remis en question. Plutôt que d’opter pour des praticiens aguerris du débat contradictoire, les concepteurs du CCN semblent avoir privilégié la technicité au détriment de l’engagement citoyen.
Pourtant, la rédaction d’une Constitution ne devrait pas être confiée à un simple think tank. Elle nécessite l’implication de personnes dont l’engagement envers l’intérêt public est incontestable, et dont les connaissances techniques sont soutenues par une expérience pratique du terrain politique et social.
Au lieu de cela, le CCN ressemble davantage à une émanation du pouvoir en place, préoccupée davantage par le contrôle des idées que par la recherche d’un consensus démocratique. Les conclusions déjà émises par certaines sous-commissions soulèvent des inquiétudes quant à la direction que pourrait prendre le processus constitutionnel, alimentant ainsi le scepticisme à l’égard du CCN.
En fin de compte, la légitimité et la crédibilité du CCN reposent sur sa capacité à représenter l’ensemble des voix de la société, à promouvoir un dialogue ouvert et inclusif, et à élaborer un projet de Constitution qui soit véritablement le fruit d’un processus démocratique et participatif. Tout autre résultat risque de compromettre la confiance du public et de perpétuer les dysfonctionnements du système politique et institutionnel en place.
La Nécessité d’une Approche Inclusive et Engagée
Face aux doutes persistants entourant la légitimité du CCN, il est impératif de prendre des mesures pour garantir un processus constitutionnel transparent et inclusif. La représentation des diverses voix de la société civile, des partis politiques et des mouvements citoyens est essentielle pour refléter la diversité et la complexité des enjeux nationaux.
Plutôt que de s’enfermer dans une bulle d’experts universitaires, le CCN devrait ouvrir ses portes à un éventail plus large de perspectives. Des organisations de la société civile engagées dans la promotion des droits humains, de la bonne gouvernance et de la justice sociale ont un rôle crucial à jouer dans ce processus.
Leur expérience sur le terrain et leur connaissance des besoins et des aspirations des communautés locales peuvent enrichir les débats et garantir que la future Constitution soit véritablement ancrée dans les réalités du pays.
De même, les partis politiques et les mouvements citoyens qui ont fait entendre leur voix lors des élections précédentes devraient être pleinement associés aux discussions constitutionnelles. Leurs propositions et leurs revendications doivent être prises en compte pour garantir la représentativité et la légitimité du processus.
En outre, il est crucial que le CCN fasse preuve de transparence et de redevabilité tout au long de son mandat. Les délibérations et les décisions prises doivent être accessibles au public, permettant ainsi aux citoyens de suivre et de contribuer activement au processus constitutionnel.
Enfin, il est essentiel que le CCN soit guidé par un engagement ferme envers les principes démocratiques et les droits fondamentaux. La rédaction d’une Constitution ne doit pas être une affaire de compromis politiques ou de calculs tactiques, mais plutôt un exercice de construction collective visant à garantir la justice, l’égalité et la dignité pour tous les citoyens.
En conclusion, la réussite du processus constitutionnel dépendra de la volonté du CCN de s’ouvrir à la diversité des voix et des perspectives, de faire preuve de transparence et d’engagement envers les valeurs démocratiques fondamentales. Seul un tel engagement permettra de bâtir un avenir où la justice, la liberté et le respect des droits de l’homme sont au cœur de l’ordre constitutionnel.
Vers une Constitution Véritablement Inclusive et Démocratique
Pour que le processus constitutionnel soit véritablement inclusif et démocratique, des actions concrètes doivent être prises pour rectifier les lacunes du CCN et garantir la représentation de toutes les voix de la société.
Tout d’abord, il est impératif que le CCN revoie sa composition pour inclure une diversité de perspectives et d’expériences. Cela signifie non seulement l’inclusion de représentants de la société civile et des mouvements citoyens, mais également la participation active de femmes, de jeunes et de minorités souvent marginalisées dans les processus politiques traditionnels.
Ensuite, le CCN doit adopter une approche participative et consultative dans ses travaux. Des forums de dialogue ouverts doivent être organisés pour permettre aux citoyens ordinaires de partager leurs points de vue, leurs préoccupations et leurs aspirations en matière de gouvernance et de droits fondamentaux. Les contributions de ces consultations doivent être intégrées dans le processus de rédaction de la Constitution.
Parallèlement, le CCN doit veiller à ce que ses travaux soient transparents et accessibles au public. Toutes les réunions, délibérations et décisions doivent être rendues publiques, et des mécanismes de reddition de comptes doivent être mis en place pour garantir l’intégrité et la légitimité du processus.
Enfin, le CCN doit démontrer un engagement ferme envers les principes démocratiques et les droits de l’homme. Cela implique de garantir la primauté du droit, la séparation des pouvoirs, ainsi que le respect des libertés civiles et des droits fondamentaux pour tous les citoyens, sans discrimination.
En adoptant une approche inclusive, participative et démocratique, le CCN peut transformer le processus constitutionnel en une véritable expression de la volonté populaire et en un instrument efficace pour promouvoir la justice, l’égalité et la démocratie dans le pays.
Source : Gabonreview
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